Les anciens de Baratier

Les anciens de Baratier

A qui le slip?

  Pour la plupart d'entre nous qui avons (ou n'avons pas) été colon, les enfants venaient généralement de milieux plutôt modestes. Les prix peu élevés que pratiquaient les colonies de l'époque, grâce aux paroisses comme celle des Carmes à Avignon, permettaient à de nombreux parents de pouvoir placer leur(s) enfant(s) durant quatre à six semaines à peu de frais. Une solution idéale pour celles et ceux qui travaillaient et qui ne pouvaient s'occuper de leur progéniture durant les vacances d'été. Avec, en prime, une remise en forme grâce à l'air vivifiant des montagnes, encore pur et sain à l'époque.

  Pour les garçons c'était Baratier et pour les filles Charance.

 C'est ainsi que je rejoignis, comme beaucoup d'autres, la colo de Baratier dont j'étais loin, à ce moment-là, de me douter de l'impact considérable qu'elle aurait plus tard dans le déroulement de ma vie, et de la place importante qu'elle prendrait dans mes souvenirs. La nostalgie débuta, sans qu'on s'en rende compte, dès que nous quittâmes la colo pour vivre chacun nos vies.

 Comme on en parle quelque part dans le journal de la colo, on suggérait aux parents de mettre suffisamment de linge pour la durée du séjour. On leur envoyait donc une liste du trousseau minimum que chaque colon devait apporter avec lui: chemises, shorts, pulls, slips, chaussures et chaussettes, pour l'essentiel, plus les accessoires indispensables en colonie de vacances tels que sac à dos, lampe de poche, gourde, etc. Et on encourageait vivement les parents à identifier chaque pièce de linge du nom de l'enfant, ce qui semblait tout à fait logique, d'une part à cause du peu d'attention pour leurs affaires personnelles et d'autre part à cause du nombre d'enfants.

 C'est ainsi que des petits rouleaux de tissu d'environ 10 à 15 mm de largeur étaient imprimés avec une centaine de fois le nom de l'enfant. Ma grand-mère découpait les noms un à un, puis les cousait sur les chemises, les shorts, les pulls, les slips, etc. Je pense qu'il n'y avait que les chaussettes qui y échappaient et je le comprends! Aujourd'hui, les mamans ont la vie plus faciles avec les étiquettes autocollantes ou thermocollantes.

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 Dans la pratique et la vie de tous les jours à la colo, on se doute bien que du linge, on en récupérait un peu partout. Autour des lavabos après le lavage, au bord du torrent où sur le trajet pour s'y rendre, après les cuvées de lavage de linge que les dames de l'entretien faisaient régulièrement, bref, tous les jours il y avait une récolte plus ou moins bonne!

 Il fallait bien cependant se préoccuper de ces tas de linge qui prenaient de plus en plus d'ampleur à mesure que les jours passaient. Le problème, c'était surtout le manque d'identification sur ces pièces pas toujours de la première propreté! Il y avait donc, le plus souvent lors des veillées quand tout le monde était réuni, des criées exactement comme dans un encan, pour essayer de retrouver le propriétaire de ces objets dont on distinguait de moins en moins les motifs et la couleur!

  On amenait le ou les bacs de plastique remplis de linge et un moniteur sortait les morceaux un par un en les tendant au bout de ses bras afin que tout le monde puisse les voir.

 -- Une chemise rayée verte et rouge!

 -- Un slip blanc (?) avec une bordure grise!

 --Une serviette de toilette avec des motifs de voiliers!

 -- Une chaussette bleue avec un trou au gros orteil!

  Celle-là, c'est sûr que personne ne la réclamerait!

 Disons que peu d'articles retrouvaient leur propriétaire. Et, après quinze à vingt minutes de ce régime et le désintéressement évident des enfants, ils retournaient alors dans le bac à linge en attendant la prochaine tentative pour que les enfants reconnaissent (peut-être) leur bien. Comme quoi, ce genre de préoccupation n'était pas du tout une priorité pour eux. Je me rappelle bien que, personnellement, je n'attachais que peu d'importance à mes vêtements, hormis un ou deux teeshirts qui me plaisaient bien.

  Bien que je n'en ai pas le souvenir, j'ai bien du perdre quelques affaires qui sont allées dans le fameux bac et qui y sont probablement restées...

 

 

 

 

 

 

 

 



22/03/2017
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