Montage et démontage
Du temps où nous étions moniteurs et lorsque les grandes vacances arrivaient, certains d'entre nous n'avaient qu'une hâte, c'était de remonter à Baratier quelques jours avant le début officiel de la colo, afin de procéder au montage des marabouts et à d'autres menus travaux. Avec en arrière pensée la ferme intention de passer de bons moments, de rire et de déconner avant que les choses sérieuses ne commencent.
Et, naturellement, retrouver les copains de l'année précédente...
Les tentes que nous avions à monter provenaient toutes de surplus américains, faites de cette grosse toile brun-kaki qui sentait la graisse, appliquée vraisemblablement pour imperméabiliser la dite toile. Et vu leur âge, certaines demandaient un minimum d'entretien, entendez de réparations (déchirures).
Avec l'expérience on savait qu'il y aurait des gouttières qui se formeraient ça et là, surtout celles situées directement au-dessus d'un lit!
L'épaisseur de ce type de toile ne permettait pas
l'utilisation de ciseaux. Alors on sortait la machette!
La plus lourde et la plus emmerdante à monter était à coup sûr la deux ou trois mâts qui était installée en haut du premier pré et habituellement réservée aux Alouettes, les plus jeunes à pouvoir aller sous les tentes. On l'amenait sur une remorque car, d'après moi, elle devait faire entre 2 et 300 kg.
Lorsque cette tente était montée, on trouvait que les autres étaient plutôt faciles! Un seul mât? Pfff! Rien de plus simple!!
Datant de 1959, les photos suivantes en couleurs, rescapées par Ralph Beisson qui me les a remises en mai 2016, montrent justement l'installation de cette tente. Avec le Père Jacques, les piquets n'avaient qu'à bien se tenir!
A la façon dont le Père Jacques regarde le piquet, la masse prête à partir, je ne voudrais pas être à la place du piquet! M. Jonveau (?) le scrute avec anxiété, s'attendant au pire.
Sur la photo de droite, tirant sur un cordage, Ange Belda. A droite M. Roddes, le père de Jean-Pierre Roddes que l'on voit sur les deux photos suivantes.
Passons au noir et blanc, un peu plus tard au début des années 60.
Jean-Jacques Combourieu et Michel Saltarelli achèvent
le montage d'un marabout tandis que Bulle vérifie que
les coins sont bien dans les coins!
Bertrand Lorsin s'assure que le piquet
de coin est bien placé.
La journée prenait fin sur une note de satisfaction et on se retrouvait à la cuisine pour avaler avec plaisir le repas préparé par les cuisinières et cuisiniers déjà sur place.
Puis direction le dortoir du premier étage pour passer la nuit.
Avant de s'endormir on ne manquait jamais de se raconter des histoires, des blagues, ou de se remémorer certains moments de la journée.
Avant ou après la colo ? Je ne sais pas, mais le 33 tours
qui tourne sur le tourne-disque semble accaparer toute
l'attention de Jean-Claude Michel, de François Tort, de
Paul Lemarchand et de deux autres non identifiés.
(Guy Bonnet de dos, merci Didier).
Comme, par exemple, l'année où nous avons construit le TAB, travaux ponctués de divers incidents dans lesquels j'étais impliqué. En fait, je m'étais permis de donner quelques directives comme l'aurait fait un contremaître, mais cela a été très mal interprété et on m'a quasiment traité de fainéant (ce qui était un peu vrai). Résultat: les "ouvriers" m'ont trainé sur la place de l'église et m'ont foutu la tête sous l'eau de la fontaine, façon de faire comprendre au Victor qu'il ne fallait pas pousser trop loin!
Bref, c'était une rébellion et, seul contre tous, je me suis dit qu'il valait mieux lâcher du lest...Leurs nerfs n'avaient pu résister au fait que je me pavanais en pantoufles et, dans un
certain sens, je les comprends. Je leur ai pardonné...
Construction du TAB.
Sur la photo de gauche: de g. à d., François Rivage,
Michel Richardet, Jean-Jacques Combourieu, Michel
Moncho (Victor), Didier Laplace et André Corréard
(Bulle).
Sur la photo de droite: Michel Richardet, Philippe
Richardet, André Corréard (Bulle), Michel Moncho
(Victor), François Rivage et Jean-Jacques Combourieu.
Petite précision de Didier concernant le T.A.B. :
A la fin des travaux, chacun des 'bâtisseurs' a apposé ses initiales dans le béton
frais et il me semble bien qu'elles aient résisté aux agressions du temps".
La construction du mât a également été toute une aventure. Du malaxage de béton au creusage du trou et à l'installation de ce grand fouet, il a fallu déployer toute notre science
malgré le fait qu'aucun ingénieur diplômé n'ait été présent! Mais Didier avait déjà, je pense, une bonne idée des choses de la construction.
Tous ces moments-là et bien d'autres ont pris place dans notre palmarès des meilleurs souvenirs.
Préparation du trou pour le mât. Une entreprise
périlleuse...
Malaxage du mélange savamment dosé devant aboutir à
ce qu'on appelle du béton! A gauche, on peut voir Victor
tenir le tuyau d'arrosage, pantoufles aux pieds!
La mise en place du mât n'a pas présenté de difficultés
du fait du nombre de bras disponibles.
Une fois relativement bien droit, François
Rivage maintient le mât pendant que le trou
est définitivement comblé de béton.
En fin de journée, on allait se décrasser un peu de la sueur accumulée et on relaxait après le repas.
Bulle astique le dos de Didier pendant que François
Rivage jette un œil sur les nouvelles d'un journal avec le
jeune Philippe Richardet et Jean-Jacques Combourieu.
Et puis les jours passaient, laissant les colons et les moniteurs avec le moral et le physique rechargés à bloc après 45 jours de balades, de jeux, d'activités diverses, de sport et de vie commune.
La fin de la colo engendrait une certaine tristesse, mais la satisfaction de ce qu'on avait vécu l'emportait sur cette tristesse et c'est avec des sourires et des rires qu'on se quittait, en se promettant de se revoir l'année suivante.
On commence à sortir les lits de la tente à deux mâts des
Alouettes, réceptionnés à droite par Bernard Lorsin et
René Fichet.
Pendant que le démontage commence, ceux qui doivent partir sont réunis devant le bâtiment, habillés proprement et plaisantant, tandis que valises et sacs sont chargés sur le toit des cars. Lorsque enfin, tous les bagages sont arrimés, c'est le tour des colons et des moniteurs de grimper dans le car.
De g. à d.: inconnu, Fiorenzo, Serafino.
Photo de droite: Bernard Delaine, Mme X et Fiorenzo.
Jacques Legendre derrière la vitre et Daniel Grégoire
saluant ceux qui restent encore quelques jours.
Bulle et Victor ont été un peu sans gène avec le Père
Jacques et Yves Schoenlaub, puis sont montés dans le car
sous l'œil de Michel Richardet. On aperçoit Yves Romieu
derrière Fiorenzo.
Les plus jeunes allaient retrouver leur collège ou leur lycée, les plus âgés la fac ou leur boulot, la tête remplie des images de ces vacances magiques, du bruit du torrent des Vachères, de la vue du Mont Guillaume et des belles nuits étoilées.
A l'année prochaine...
Écris en buvant du Vichy Célestins, ce mois de janvier 2015.
Il me semble que l'écriture aurait été meilleure avec du
Grand Marnier!
Relu avec plaisir et mis à jour le 26 mai 2016.