Hommage à notre colonie
Août 2016. Voilà une quarantaine d'années que notre colonie, telle que nous l'avons connue, devenait un Centre de Vacances comme des dizaines d'autres à travers la France. Ce n'était pas seulement un changement de nom, mais toute une adaptation aux nouvelles et incessantes règlementations, certaines plus chiantes qu'autre chose, qui ont sonné le glas de nos chères colonies, comme s'en souviennent toutes celles et tous ceux de notre génération qui les ont fréquentées.
Les plaisirs d'aujourd'hui ne sont plus ceux d'avant. Et je me demande si ces jeunes qui font un séjour dans ces Centres ont cette sensation de vivre des moments inoubliables et si intenses qu'ils s'en rappellerons jusqu'à la fin de leur vie?
J'ai lu, par-ci par-là, les problèmes engendrés par ces générations qui ont grandi avec l'habitude de contester l'autorité et avec les nouvelles techniques de communication. On peut facilement trouver des exemples sur la Toile. On s'aperçoit d'ailleurs que les parents sont devenus pires que leurs enfants, exigeants et carrément paranos! La colonie "Le Glaizil" dont j'ai mis le lien sur la page d'accueil, a connu des un sort similaire, après avoir touché le cœur de centaines de colons, moniteurs et personnel de soutien qui étaient bénévoles, comme c'était généralement le cas dans les colos d'alors.
Cette nostalgie, sommes-nous les seuls à l'avoir? Est-ce qu'on exagère lorsqu'on relate avec enthousiasme ces séjours d'été, que nous attendions chaque année avec une impatience fébrile? D'autant plus, soyons honnêtes, qu'ils signifiaient la fin de l'école ou du collège!
Comme par hasard, j'ai eu une réponse en tombant sur une émission de télé il y a quelques jours (la dernière semaine de juillet) où il était question de la fameuse chanson de Pierre Perret, "Les jolies colonies de vacances", émission produite à l'occasion du cinquantenaire de cette chanson (été 1966) qu'il a écrite en deux jours (et non en deux heures comme il est mentionné dans le texte) et dont il a conservé le manuscrit, quelques feuilles d'un cahier d'écolier.
On le voit ensuite retrouver le curé qui dirigeait la colo qu'il avait fréquentée, visiter avec lui le bâtiment qui l'abritait et désigner, sans hésitation malgré les changements, l'emplacement de son lit!
Il est comme nous. Nous sommes comme lui. Les images de notre vie de colons puis de moniteurs sont profondément gravées en nous. Vous le savez bien, vous les Anciens de Baratier et tous les autres, qui avez connu les vraies colonies, celles qui vous ont apporté ces merveilleux moments, ces amitiés d'un été et celles qui durent toujours.
Nous avons souvent discuté de toutes ces choses-là pour en arriver chaque fois à la même conclusion: une colonie comme dans les années 60 ne pourrait espérer avoir la moindre autorisation d'ouvrir et de fonctionner comme à cette époque! Ou alors elle serait immédiatement fermée!
Et pourtant! Nous sommes tous d'accord pour dire que malgré les déficiences qu'elles pouvaient montrer, c'était une formule gagnante! Nous étions nombreux à y adhérer, y compris le personnel de cuisine et d'entretien dont plusieurs avaient leurs enfants à la colo.
La formule était relativement simple, la simplicité étant souvent le gage de la réussite. Les enfants passaient 45 jours en dehors du cocon familial (à part la journée des parents vers le milieu du séjour), apprenaient à se débrouiller plus ou moins seuls sous la surveillance des moniteurs: lavage, habillage, faire son lit, etc., toute chose quotidienne pour acquérir, autant que possible, une bonne hygiène de vie. Et, ô merveille, les communications téléphoniques n'étaient pas ce qu'elles sont devenues et n'encombraient pas le déroulement des journées! Pas de nouvelles, bonnes nouvelles! Rares étaient les enfants qui s'ennuyaient vraiment de leurs parents! Cette "déconnexion" était, me semble-t-il, bénéfique pour nos jeunes cerveaux, étant moi-même passé par là: pas de soucis d'école, pas de remontrances (fais pas ci fais pas ça) de la part des parents, manges ta soupe sinon pas de dessert, etc.etc. Un aperçu, en quelque sorte, de la liberté avec ses limites...
Le fait aussi de nous retrouver en pleine nature, nous les citadins habitués au bruit des voitures et des camions, constituait un changement qui influençait beaucoup notre comportement, en bien naturellement. Imaginez en plus, dormir sous la tente! Le dépaysement était complet! Chaque colonie avait son charme. La nôtre, c'était les grands prés où se déroulaient la plupart des activités, les grands sapins sous l'ombre desquels il faisait bon, les montagnes qui nous apportaient une sensation de force et d'éternité, et avec lesquelles nous avions rendez-vous chaque été. Les gravir jusqu'au sommet apportait la joie, la satisfaction et la fierté que connaissent bien tous ceux qui se sont adonnés à cette activité.
Alors, merci à tous ceux qui ont fait le succès de notre colonie de Baratier ou des colos semblables à la nôtre. Des plus jeunes aux plus vieux, enfants ou adultes, gens du midi et gens du nord, d'Italie ou d'Espagne, nous avons, chacun de nous, créé et bâti ce succès avec l'enthousiasme de notre jeunesse. Je ne voudrai pas devenir trop pompeux, aussi je me retiens d'en rajouter.
Toujours comme par hasard, avant d'achever ce petit texte je consulte ma messagerie, et j'y trouve un envoi de Didier. Trouvé dans un recoin, un article du Méridional, daté du 1er août 1965, sur la colo de Baratier! Article que voici. Je mettrai plus tard, ailleurs, les photos séparément.
Tout le monde aura compris que les photos de droite, ce sont les filles de Charance.
Je rajoute tout de même la photo avec les moniteurs:
dont je vous mets les noms ci-après. Les X et les ? sont à remplacer ou à confirmer si jamais quelqu'un les reconnait formellement.
Debout : Jean-Yves Guyonnet, Michel Saltarelli (?), Pironi (?), François Rivage, Fausto Gregorini (?), Alain Masse dit Poupette, Bernard Colonna (?), Jacques Legendre.
Assis : Bernard Delaine, Max Jouval, Gérard Eschallier, Didier Laplace, Daniel Teyssier, Michel Richardet, Jacky (?) .