Les anciens de Baratier

Les anciens de Baratier

La folle nuit sorguaise

Récit de la nuit de septembre 1974, dans la maison de Mme Teyssier.

 

 

   Pour en arriver là, il faut d'abord faire un petit retour en arrière qui va montrer que certains évènements sont dus à des circonstances particulières et souvent imprévisibles.

 

 

  Juin 1974 : je viens de terminer ma 5ème et avant-dernière session à l'université et je décroche un boulot pour piloter des forages géotechniques sur le site de la future station

d'épuration de Montréal.

  Six jours par semaine et 10h par jour, l'argent rentre bien pour payer mon billet d'avion sur Paris. Me voilà donc à Sorgues au mois d'août avec l'objectif de faire une virée à

Baratier avec Bulle.

 En passant à Gap, je loue une voiture car Bulle doit repartir le lendemain.

 

 Arrivée à la colo, accueil à bras ouverts par les Richardet frères. Philippe me harponne en me proposant d'aller se faire le Pouzenc dans les prochains jours. Inconscient, je lui dit oui.

 Le lendemain, il se sont arrangés pour m'occuper un peu en me faisant malaxer du béton destiné à d'obscurs travaux — bien que je n'eusse point aperçu le Père Jacques — malaxage qui me vaut une ou deux gouttes de béton dans l'œil gauche.

 

 Le lendemain soir, sortie des moniteurs et monitrices au bal des Crottes, sous la direction de LA direction !!!

 On rentre un peu tard et je me rends à la chambre que Michel m'avait attribuée, tout en haut au pigeonnier (c'était la même qu'occupait Roger Marini 10 ans plus tôt). Le plafond est bas, mais la poutre qui est à l'entrée l'est encore plus. Et chtonk! je me cogne la tête sur la p... de poutre!

 

 Le lendemain matin, petit déjeuner dehors, et j'ai comme une gêne dans l'oeil (gauche) un petit voile blanchâtre dans la partie supérieure.

 J'en parle et on se dit c'est le béton ou c'est la poutre ou les deux.

 Comme le voile semble s'étendre, on décide qu'il vaut mieux aller voir un ophtalmo à Gap.

 

 Le docteur Bona est sympa et, après examen, me dit qu'il s'agit d'un décollement de la rétine et que je dois me rendre illico à l'hosto!

 —Eh! là! ça va pas? Je suis en vacances à Baratier.Il n'en est pas question!

 —Alors je ne peux pas vous garantir que vous garderez votre œil...

 

 La douche froide!!

 

  J'appelle Michel, puis je vais rendre la voiture et je marche jusqu'à l'hosto.

  Opération au laser et ensuite les deux yeux bandés durant quelques jours.

 

 Visite des Richardet, avec quelques moniteurs et monitrices, qui me ramènent mes affaires personnelles.

 

Philippe m'a-t-il vraiment amené de la lecture??

 

 Je me fais engueuler par l'infirmière parce que j'avais soulevé le pansement de mon œil "intact" pour voir ces braves gens à mon chevet.

 

  Mon voisin de chambre, un œil bouché par un pansement, finit par me raconter qu'il travaillait avec un tournevis quand paf! ça a dérapé vers son œil!! J'ai eu comme un petit

frisson...

 

 Retour à Sorgues quelques jours plus tard avec ma mère venue me chercher en 2CV, l'idéal pour ne pas être secoué. J'en avais pour 5 semaines parce que l'avion m'était interdit durant tout ce temps-là: adieu mon billet de retour, adieu ma dernière session d'études, bonjour les frais d'hôpital !!

 Il fallait que je garde un pansement sur l'œil, que je marche comme sur des œufs afin de ne pas secouer la rétine recollée, et que j'aille la faire vérifier par un ophtalmo à Avignon.

 

 C'est là que j'apprends que Daniel est à Sorgues et vice-versa, grâce à nos mères bavardes!

 

 Il me rend donc visite et en profite pour amener avec lui son dada du moment, son jeu de scrabble. Il gagne la plupart du temps, surtout qu'il joue contre un n'a-qu'un-œil ! Mais pas de doute, il est bien mieux entrainé que moi.

 

 Quelques jours plus tard, on se donne rendez-vous chez sa maman sur la route d'Avignon. De l'appartement situé sur la rue de la République jusqu'à la maison de Mme Teyssier, c'est pas très éloigné, et je commence à avoir des fourmis dans les jambes.

  Je pars donc un soir, après le repas, avec les mises en garde et les recommandations d'usage de ma mère et je me rends chez Daniel en marchant comme Gaston Lagaffe!

 

NDLR: sans les pantoufles! Non, mais, à quoi vous pensez?

 

 

Le trajet - Copie.jpg

                                  Le trajet périlleux effectué cette nuit-là

                       du Cours de la République jusqu'au coin

                       de l'Av. d'Avignon et de l'Av. Cessac.

 

 

 Tout débute tranquillement dans le salon et Mme Teyssier nous sort une bouteille de vin de noix. Après qu'elle soit allée se coucher, on entame avec Daniel le récit de nos dernières années et ça bascule dans les blagues que Daniel se met à sortir. J'en rajoute et on se paye quelques pintes de rires et de fous rires.

 - Et celle-là, tu la connais?  Elle est bonne!! 

 - Ho con! j'ai mal au ventre!

 Dans les expressions de Daniel, ho con! était une de ses favorites, en tout cas à l'époque. La plupart de ses fins ou débuts de phrases, même les plus courtes, étaient ponctuées

d'un ho con!

 Et ça continue pendant des heures... Une deuxième bouteille vient humecter notre gorge qui s'assèche sous ce déluge verbal continu.

 A partir d'une certaine heure, j'ai l'impression qu'il ne fallait plus grand-chose pour alimenter nos rires. Quelles conneries avons-nous bien pu nous raconter?

 

 Enfin, à un moment donné, on entend cogner à la porte.

— Qui est là?

 C'est ma mère, inquiète d'avoir trouvé ma chambre vide, inquiète pour mon œil, inquiète tout court. Quoi? Il est 5h du matin? Eh bien!, on n'a vraiment pas vu le temps passer!! Mme Teyssier, descendue de sa chambre, en rit avec nous...

 

   Voilà. Je promets à ma mère que je la rejoins dans pas longtemps et notre folle nuit s'achève avec les premières lueurs du jour.

 Nous avons fait le plein de rire pour un bon moment et on se quitte sans savoir quand nous nous reverrons étant donné l'éloignement de nos résidences respectives.

 Ce sera en fait pour les vacances de Pâques l'année suivante, durant lesquelles j'irai faire un petit séjour à Fort-de-France.

 

 Une autre histoire...

 

 

 

 

 



25/06/2013
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