Les anciens de Baratier

Les anciens de Baratier

Balade à Réallon

  Ce n'est pas à vraiment parler une grande balade puisque la distance de Baratier à Réallon est, selon Michelin, de 17,4 à 18,1 km. Par contre, sur le site de la mairie de Réallon on trouve une distance de 12,2 km jusqu'à Baratier? Mon but n'est pas de chercher des poux sur les sites que je consulte, mais bien de montrer que d'aller à Réallon n'est pas tout à fait une grande balade (entre nous c'est Michelin qui a raison!).

 

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    C'est évidemment le trajet en bleu que nous prenions.

 

 Cependant, comme généralement on couchait à Réallon et qu'on revenait le lendemain à la colo, je crois qu'on peut lui attribuer le qualificatif de grande. Enfin disons mi-grande. Mais ce terme n'existant pas je choisis donc grande.

 C'est une balade que j'ai faite lorsque j'étais colon aux Hirondelles ou avant, puis aux Castors en 1960. Je n'ai pas souvenir de l'avoir faite avec les Hirondelles lorsque j'ai commencé à être moniteur. Bulle ou l'Yves pourrait sans doute le confirmer.

 Les moniteurs nous informait la veille, en principe le mercredi car les grandes balades se faisaient le jeudi, retour à la colo le vendredi. Le départ était donné après la sieste, quelquefois plus tôt si la distance à parcourir était plus importante, comme pour le Guillaume ou le Morgon, destinations les plus courantes.

  Préparer son sac à dos était un rite que tous les colons apprenaient vite. Il fallait bien entendu rouler son sac de couchage ou la couverture utilisée pour dormir. Bien roulé, ce n'était plus qu'un gros machin pas trop lourd, mais qui prenait tout de même un peu de place. Je ne me souviens pas si on prenait des vêtements de rechange (slip, chaussettes, chemise), mais il me semble qu'on y mettait un pull sachant que les températures deviennent plus fraîches au fur et à mesure qu'on monte en altitude. Ce qui n'était pas évident pour les colons habitués aux colonies près de la mer. Mais ils apprennent très vite...

 Une chose importante à ne pas oublier: sa gourde! Remplie au dernier moment, juste avant de partir, d'une eau bien fraîche, additionnée de quelques gouttes d'Antésite pour les chanceux dont les parents avaient eu la bonne idée de mettre une petite fiole de cet élixir dans leur trousseau. Vous rappelez-vous le goût de ce concentré à base de réglisse, considéré comme un anti-soif? Aujourd'hui encore (le format a un peu changé), j'ai deux fioles à la maison, une à l'anis, l'autre au citron. Bien sûr à l'époque il n'y avait que la saveur originale à l'anis. Dans la journée, je prends souvent un bon verre d'eau avec quelques gouttes d'Antésite. Ça fait remonter les souvenirs à la vitesse de la lumière!

 

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       La bouteille d'Antésite d'origine et celles d'aujourd'hui

 

 

  Bon, tout ça c'est bien beau, mais nous voilà rendus à quelques heures du départ pour Réallon et ce n'est pas le moment d'oublier quelque chose. Est-ce que je vais avoir besoin de ma lampe de poche? Allez, je la mets dans mon sac au cas où, en vérifiant que les piles sont encore bonnes (c'est là qu'on pouvait vérifier que les piles Wonder ne s'usent que si l'on s'en sert!). Il y avait aussi les lampes Leclanché qui étaient bien connues des tous ceux qui allaient en colonie de vacances. Il y avait aussi les lampes torche, le summum, mais qui coûtaient la peau des fesses en piles.

 

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                                       Lampe Wonder

 

 

A cela il fallait ajouter les ustensiles pour manger : assiette en aluminium, fourchette, couteau, ce dernier pouvant être suisse si les parents étaient un peu plus aisés. Époque bénie où les moniteurs avaient très souvent, accroché à leur ceinture, un poignard qui aurait rendu jaloux Rambo! Chez les Castors aussi, le poignard était porté par les foulards noirs et les chefs d'équipe, en particulier pour les évènements où on défilait, tel le 14 juillet.

  La sieste se termine et nous voilà rassemblés juste avant le départ. On vérifie les sacs, on répartit les pains de 2 ou 3 kilos et les tablettes de chocolat qui seront donnés comme un quatre heure afin de nous donner un peu d'énergie après deux ou trois heures de marche. La nourriture du soir et du lendemain nous arrivera à une certaine heure, convenue avec la direction, livrée à Réallon avec la voiture de la colo, je veux parler de la fameuse Juva 4. Voiture qui a eu une existence mouvementée et, dirais-je, chaotique, durant ses nombreuses années au service de la Sageto d'Or, à la colo comme au camp des Castors!

 Il est 14h ou 15h lorsque le signal du départ est donné. On descend le premier pré, on traverse le deuxième et on se retrouve sur la route, appelée à l'époque route de Baratier, nous dirigeant d'un pas alerte et joyeux en direction d'Embrun. Les départs se font toujours sur les chapeaux de roue, si je peux m'exprimer ainsi. On est en forme, on pète le feu. Réallon, nous voici!

  A Embrun, trois quart d'heure à une heure plus tard, on arrive à l'embranchement de la route qui mène à Réallon, juste après avoir franchi la ligne de chemin de fer. On bifurque franc ouest. Nous sommes encore assez bien regroupés, malgré la montée qui commence peu après avoir franchi le pont sur la Durance.

  La route grimpe régulièrement jusqu'à Réallon. C'est une balade qui ne nécessite pas de chaussures particulières puisqu'on marche uniquement sur de l'asphalte. De toute manière, les bonnes chaussures étaient assez chères et peu de parents pouvaient en munir leurs enfants puisque ce genre de colonie était souvent choisi en raison du coût peu élevé des séjours.

 Le groupe commence tranquillement à s'étirer au point que, à certains virages, et il y en a pas mal, les derniers ne voient plus les premiers. On ne s'inquiète pas trop, la circulation étant réduite à quelques véhicules à l'heure, deux ou trois qui montent, trois ou quatre qui descendent...mais on garde un œil ouvert.

  Par contre, marcher sur le bitume commence à chauffer les pieds, surtout si on a des tennis aux semelles blanches relativement peu épaisses, et les arbres le long de la route sont rares. On avance tout de même et les gourdes se vident rapidement. En contrebas, on peut admirer la vallée de la Durance et les villages qui la jalonnent. Celui des Crottes (qui deviendra les Crots plus tard) et Savines  que le lac engloutira plus tard inexorablement et qui, une fois reconstruit, prendra le nom de Savines-le-Lac.

 Enfin, après trois ou quatre heures de marche, nous arrivons à destination. Après avoir réceptionné la nourriture livrée par la Juva 4, les moniteurs rencontrent un paysan du coin qui nous conduit à une grange qui comporte un étage intérieur où du foin a été entreposé. C'est là que nous dormirons, bien au chaud dans nos sacs de couchage.

 

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                     Réallon et son château. La route par laquelle

                           on arrive et par laquelle on repart.

 

  Le lendemain, après le petit déjeuner, ragaillardis par notre bonne nuit de sommeil, nous avions poussé jusqu'à la cascade de la Pisse. Dans la région, il y a plusieurs cascades nommées cascade de la Pisse, une dénomination sur laquelle devrait se pencher un comité de toponymie afin d'éviter une contamination excessive.

  Quand j'étais aux Castors, nous avions été jusqu'au château de Réallon dont la tour carrée daterait du XIIe siècle. J'en avais pris une photo avec mon Kodak de course lorsque j'étais aux Castors en 1960.

 

 

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 D'après ce que j'ai lu, il a été détruit au 16e siècle. C'était déjà pas jojo aux 19e et 20e siècle, alors qu'est-ce que ce devait être à cette époque-là?

  Après ce bref intermède historique, il fallait bien penser au retour à Baratier. On ramasse tout, on remet tout ça dans nos sacs à dos et c'est parti pour reprendre la route en sens inverse. Bulle, qui était en 1962 aux Hirondelles avec Michel Richardet et Rémy Blanche, nous a laissé une belle photo illustrant ce retour de Réallon.

 

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 Départ bien ordonné avec Michel en tête. On aperçoit le Château sur son promontoire. Comme dans ce sens-là la route descend, le trajet va nous paraitre moins long et surtout moins fatigant. On sait qu'à chaque retour à la colo, nous retrouvons avec plaisir notre ''chez nous'' sous les marabouts, nos habitudes et nos affaires, ainsi que nos copains des autres sections. Sans oublier les bons repas pris au réfectoire extérieur ainsi que les soirées animées par des jeux et des histoires. Ce sont les veillées qui nous permettent de nous évader dans l'imaginaire et d'aller nous coucher en sachant que nous allons bien dormir.

 

  Commencé il y a un mois ou deux. Terminé le 7 septembre 2018, en attendant avec une certaine anxiété d'être grand-père. Surtout que Didier m'a coiffé sur le poteau!!!



08/09/2018
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