Gaston
Sans Gaston, Baratier n'aurait pas été pareil...
Gaston Le Couppey, Chef Gaston, tout simplement Gaston, fils de Mme la Comtesse sa maman, restera indissociable de la colonie.
Lorsque j'ai mis le pied à Baratier pour la première fois en 1955, il y a eu ce personnage étrange pour lequel nous avions une admiration mêlée d'un peu de crainte.
Admiration pour ses fabuleuses histoires et crainte pour sa façon dramatique de les raconter.
Spécialiste des histoires à épisodes, il les racontait à la fin des veillées qui se déroulaient le plus souvent dans le réfectoire extérieur. On enlevait les tables et on y disposait des bancs (le TAB n'existait pas encore).
Le réfectoire extérieur
Pour nous, gamins à l'époque, c'était un très bon conteur et il impressionnait lorsqu'il alliait le geste à la parole en faisant virevolter sa grande cape noire, en roulant des yeux dans les moments appropriés, grimaçant et pointant sa canne vers les enfants des premiers rangs pour accentuer le sentiment de frayeur qui se dégageait de l'histoire.
Gaston en action un soir de veillée au
TAB en 1963: la cape, le béret, les shorts
et la canne!
Quelques fois, généralement à la demande d'un moniteur, il débitait le nom de toutes les villes ou villages ayant une gare entre Paris et Vintimille. Impressionnant!
Et puis! et puis!.. Les choux à la crème !!
Chaque été, il y avait une journée choux à la crème : Gaston faisait livrer 2 ou 300 choux à la crème pour les enfants, les moniteurs et le personnel de la colo, et cette journée-là c'était la joie et la folie! On en salivait à l'avance et on n'attendait que le moment où les choux arriveraient, que le Chef Gaston distribuerait à chacun d'entre nous.
Gaston avec une caisse de choux à la crème.
Autre particularité de Gaston: de grands shorts flottants aux genoux avec de grandes poches. Et dans ces poches quoi donc? des bonbons!
C'est ainsi qu'il parcourait la colo avec ses godillots cloutés qui faisaient Klunk! Klunk! sur le béton du couloir et, rendu dans le pré, adressait la parole à l'un et à l'autre, finissant
immanquablement par sortir des bonbons d'une de ses poches. Inutile de dire qu'on s'empressait de les accepter...
A propos de ses souliers cloutés, un jour de distribution de bonbons, j'étais juste derrière lui en attendant que les autres me laisse une place pour récolter quelques friandises. C'était tout juste à côté du petit noisetier qui faisait le coin au chemin menant au premier pré. Malheureusement j'étais un peu trop près, et quand Gaston a légèrement reculé, il a posé un de ses pieds sur le mien.
Je vous dis pas, avec les clous plus le poids du personnage, mon gros orteil en a pris un méchant coup! Ongle fendu, un peu de sang et douleur passagère...Mais marqué pour longtemps!
Comme Gaston avait relativement pas mal de temps libre, il l'occupait à diverses activités. Il aidait, par exemple, les gens de cuisine dans des tâches routinières comme écosser les haricots verts, tout en papotant avec ces dames de la cuisine:
Ou bien il restait avec sa maman en attendant la fin de la soirée...
Autre activité: aller roder aux lavabos lorsque les enfants se lavaient: regard pétillant (lubrique?) et mains baladeuses, quoique, personnellement, je ne l'ai jamais surpris. Faut dire que la surveillance du lavage —à part au torrent—n'était pas mon fort!
Il participait tout de même à certains "évènements" de la journée, comme les rassemblements pour le lever des couleurs.
Ici en 1962:
Antoine Blanche "prend soin" de Gaston!
Ouf! Tout s'est bien passé...
Plus que n'importe qui, il a subi les farces des moniteurs (pas tous mais Philippe était, avec Antoine Blanche, le plus assidu, aussi bien sur la personne que sur son vélo!).
Jean-Marie "botte" les fesses de Gaston!
Dommage que la photo manque de netteté.
En parcourant les photos un an et demi plus tard, je tombe sur deux photos qui montrent bien que Gaston avait été "invité" au camp des Castors, ce qui explique la présence de Paul Dijoud et de Jean-Marie Des Cars sur la photo ci-dessus. Le curé est, si je ne trompe pas, Antoine Blanche. Extraordinaire mystification, je suis sûr que Gaston a tout avalé !!
Reçu en grande pompe, la présence d'un (faux) curé donnait
à l'évènement un caractère véridique.
Une année, il a quand même accepté l'invitation des moniteurs à se joindre à eux pour une soirée au Smersh. Je pense que c'était sa première fois et probablement sa dernière. Il devait se demander ce qu'il faisait là parmi ces jeunes exubérants.
Gaston écoute dans le fond...
...et observe!
Sacré Gaston! Il n'aurait pas pu être inventé!